Transport Collaboratif en Mauritanie : Opportunités, Solutions et Un Marché à Réglementer
Après quelques mois du lancement des premières entreprises de transport collaboratif fin 2018, de nouvelles entreprises concurrentes ont rapidement émergé en Mauritanie. En cinq ans, ce secteur a vu naître des dizaines de sociétés jouant le rôle d’intermédiaires entre les propriétaires de voitures et les demandeurs de services de transport.
Ce rapport met en lumière le marché du transport collaboratif en Mauritanie, qui connaît une forte adhésion de la part des jeunes propriétaires de voitures à la recherche d’emplois flexibles et indépendants, offrant une alternative privée et sécurisée aux taxis traditionnels.
Avant l’arrivée de Car App
Au début des années 2000, les taxis privés ont progressivement disparu des rues de Nouakchott, devenant des véhicules de transport public empruntant les lignes de bus reliant le centre-ville aux quartiers périphériques. Face à l’expansion urbaine de la capitale, due à l’augmentation de la population et à la planification des quartiers populaires, le rôle des taxis s’est renforcé.
Une décennie plus tard, les taxis privés ont fait leur retour, cette fois-ci via de nouvelles entreprises possédant des flottes de voitures et offrant leurs services via des lignes téléphoniques dédiées. Parmi ces entreprises, on peut citer : Allo Taxi, MSP Taxi et Taxi Jitek.
Un Nouveau Modèle Émerge
Dans la seconde moitié de la dernière décennie, un nouveau modèle appelé « Car App » ou transport collaboratif a émergé, dominant rapidement le secteur des taxis privés et entraînant la disparition de certaines entreprises existantes. Dans ce modèle, les entreprises ne possèdent pas de flottes de voitures ni n’engagent de chauffeurs, elles ne sont pas responsables de l’approvisionnement en carburant ni des réparations des voitures. Elles agissent simplement comme intermédiaires entre le propriétaire de la voiture et le demandeur de service via une application électronique, offrant ainsi une sécurité aux passagers grâce à la possibilité de suivre le chauffeur et de l’identifier facilement en cas de problème.
Parmi les dizaines d’entreprises entrant sur le marché du transport collaboratif en Mauritanie, Car App, Class Ride et Sihdini se sont distinguées par le nombre important de leurs abonnés. Plus récemment, une nouvelle entreprise appelée Rose Ride s’est démarquée en se concentrant exclusivement sur les femmes, avec des conductrices et des voitures roses.
Un Marché, des Emplois et des Solutions
L’émergence du « modèle Car App » a rapidement créé un nouveau marché grâce à l’augmentation du nombre de clients et à la flexibilité des relations entre l’entreprise et le propriétaire de la voiture. De nombreux jeunes cherchant des opportunités d’investissement ont acheté des voitures pour travailler avec ces entreprises, ce qui est devenu une source de revenu considérable.
En plus de créer un marché contribuant à la réduction du chômage, ces entreprises ont également joué un rôle dans la résolution des problèmes de transport, en offrant la sécurité grâce à la possibilité d’identifier le chauffeur en cas de perte d’objets des passagers. Récemment, Class Ride a annoncé son expansion avec l’ouverture d’une filiale en Gambie, et d’autres entreprises se préparent à ouvrir des branches dans les villes de l’intérieur et certains pays voisins.
Le Besoin de Réglementation
Malgré les services modernes et sûrs offerts par ces nouvelles entreprises de transport public, l’expérience a révélé la nécessité de réglementer et d’encadrer ce secteur naissant et prometteur afin de maximiser ses effets sur la réduction du chômage et la résolution des problèmes de transport.
Les besoins de réglementation se sont manifestés par les revendications des propriétaires de voitures affiliés aux entreprises de transport collaboratif, les poussant parfois à organiser des grèves.
En 2020, l’Autorité de Régulation a imposé une nouvelle taxe à ces entreprises, à collecter auprès des propriétaires de voitures, mais cette mesure n’a pas été mise en œuvre en raison de la tension existante entre les parties.
Les observateurs estiment que la réglementation de ce secteur en Mauritanie sera plus facile que dans les pays voisins où des difficultés importantes ont été rencontrées, comme au Maroc et même en France, en raison de l’existence de syndicats de chauffeurs de taxi traditionnels et d’investissements étrangers dans le secteur des transports.